vendredi 1 avril 2011

Montpellier, George Frêche et l'Odysseum

L'Odysseum et le testament de George Frêche

George Frêche et l'OdysseumOn a cru tout savoir sur George Frêche et le testament culturel et politique qu'il a laissé aux Montpelliérains. Toutefois, pas plus tôt que cette semaine-ci, une grande nouvelle arrive encore à étonner la ville de l'homme qui, pendant toute sa vie, a aimé "choquer".

Peu importe où l'on se promène à Montpellier, l'œil a du mal à se fixer sur une pierre qui ne semble pas porter le nom de George Frêche marqué en "lettres rouges" : c'est grâce à lui que les quartiers du centre ville ont été aménagés, puis l'Esplanade, le Polygone, l'Antigone... tous des témoins de l'esprit entrepreneur de l'ancien maire de Montpellier. Lorsqu'il a définitivement quitté sa ville et l'agglomération dont il était l'artisan, il avait encore beaucoup de projets en tête qui, partiellement, ont été réalisés après sa mort ou sont toujours en stade de réalisation : la nouvelle mairie ou les ZAT, les Zones Artistiques Temporaires n'en sont que quelques exemples.

Son dernier bébé, toutefois, a été l'Odysseum - et certains disent que cette dernière œuvre faisait partie des créations qu'il aimait le plus. Ce quartier sur la rive gauche du Lez lui tenait à cœur depuis longtemps. Mais avant d'en faire un centre commercial, George Frêche le voulait un champ de loisir. Le premier grand lieu de l'amusement était le cinéma multiplexe Gaumont. Il a été inauguré le 1er avril 1998 - nous fêtons donc aujourd'hui son treizième anniversaire. Loin d'être un "poisson d'avril", il est vite devenu un des premiers cinémas de Montpellier - bien qu'il a "laissé vivre" les salles du centre ville comme le Diagonal, le Royal ou l'Utopia dans le quartier des étudiants.

L'Odysseum, oeuvre de George FrêcheAprès le Gaumont, le tour était à la patinoire Végapolis qui était fonctionnelle ponctuellement pour les vacances de Noël en 2000 - pour George Frêche et plein d'autres Montpelliérains une sorte de marque du nouveau millénaire. Jusqu'à ce que, finalement, le 26 janvier 2002, le planétarium Galilée a ouvert ses portes.

Pour Montpellier, le grand cinéma, la patinoire, le planétarium - tout cela semblait déjà immense. Mais pour George Frêche, ce n'a été qu'un début. En décembre 2007, la zone ludique entre le cinéma et la patinoire a été élargie jusqu'à toucher l'aquarium Mare Nostrum. Et puis, tout a avancé très vite : déjà en 2008, l'Odysseum était connu pour deux autres attractions - le plus grand bowling de France, Bowling Star, et la plus grande surface d'escalade. Comme si souvent, les créations de George Frêche avaient battu les recordes....

Lorsque, en 2009, le centre commercial de l'Odysseum a été inauguré - avec 130.000 mètres carrés - l'œuvre de George Frêche n'était toujours pas accomplie. Pendant un moment, on a même discuté d'une statue de Lénine de quelque 4,50 mètres de haut.

Oui, George Frêche aimait surprendre le monde qui, s'il voulait ou non, l'a toujours observé. Toutefois, le jour de sa mort, les Montpelliérains ont pensé qu'il n'y aurait plus de surprises. Mais non, ils se sont trompés.

Ainsi, une partie étonnante de son testament - ou peut-être pas si étonnante que cela - a été dévoilée très récemment : George Frêche souhaite que l'Odysseum reste le quartier de loisir et de commerce le plus grand de son agglomération. Pour toujours. Aucun autre quartier comparable à Montpellier et aux alentours doit jamais dépasser les 129.999 mètres carrés.

Ce qui, à première vue, semble choquant - donc bien à la hauteur de l'ancien maire et président d'agglomération - n'est pourtant pas nouveau. Il y avait déjà un homme, un roi, avant George Frêche qui a exigé des Montpelliérains de garder pour lui un superlatif. Et, fidèles à la parole qui leur a été demandée, les habitants de Montpellier s'y sont toujours tenus... toujours depuis le 17e siècle.

Lorsque Louis XIV a fait ériger dans les jardins du Peyrou sa statue haute de six mètres, il savait très bien, pour quelle raison il avait choisi cet endroit : le Peyrou est la colline la plus élevée de Montpellier. Si, par conséquent, on compte la hauteur du sol, le socle et les six mètres de la statue, on se rend compte que la pointe de l'épée du roi est placée plus haut que tout toit de bâtiment montpelliérain. Seule la tour de l'église Sainte Anne s'y approche - mais elle reste légèrement en dessous de la pointe de l'épée.

Louis XIV au PeyrouIl est vrai que Louis XIV n'a jamais pu voir sa statue - elle n'a été terminée que trois ans après sa mort - tout comme George Frêche ne verra pas la finition de son dernière œuvre appelée Odysseum. Or, les Montpelliérains ont sagement suivi le désir de Louis XIV, sa pointe d'épée dépasse toujours tous les bâtiments de la ville.

Si, dans trois cents ans, les Montpelliérains vont toujours respecter le désir de George Frêche et faire en sorte que son œuvre reste le plus grand de son genre, nul ne le sait. Mais, de toute manière, la statue de Louis XIV a prouvé que les habitants de Montpellier savent respecter les testaments de leurs souverains...
Photos et texte : copyright Doris Kneller

1 commentaire:

  1. Alors là c'est une nouvelle que Gens de Montpellier publie en toute exclusivité! Bravo!

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