mardi 14 décembre 2010

Piéton dans les rues de Montpellier

Tram, travaux et lumières éteintes : Marcher à Montpellier

Montpellier, le tram et les piétons19 heures, une petite rue entre la Comédie et la gare. Deux jeunes hommes bousculent légèrement une dame dans la soixantaine qui cherche son chemin en tâtant. Elle insulte les deux hommes qui ne se soucient pas d'elle. Ensuite, elle murmure avec un ton fâché : "Ils croient qu'ils peuvent tout nous faire. Et le pire, ils ont raison..."

"Ils", dans ce cas, ce ne sont pas les deux jeunes hommes, mais la mairie de Montpellier. La dame n'est pas la seule à avoir des problèmes à avancer : il fait absolument noir dans la rue. De temps en temps, les phares d'une voitures glissent furtivement sur le trottoir. Quelques secondes plus tard, il est de nouveau plongé dans l'obscurité.

"Ça dure maintenant plus d'une semaine - il n'y a plus de lumière dans la rue. Ou, parfois, la lumière revient pour une heure ou deux et après, plus rien", explique une dame un peu plus jeune que la première. "Si, encore, le trottoir serait dans un état correct. Mais non, il est plein de trous. Ma voisine n'ose plus quitter la maison à partir de 17 heures. Elle a peur de se casser la jambe ou un bras... Elle a raison, c'est très dangereux."

Pourquoi certaines rues de Montpellier sont-elles - entièrement ou pour quelques heures - privées de lumière ? Personne ne semble le savoir. "Je ne sais pas", dit aussi un homme dans la trentaine. "J'imagine que c'est en relation avec les travaux du tram. Mais je ne comprends pas très bien, pourquoi ça ne concerne que quelques rues et pas les autres."

Tour de la Babote à MontpellierL'équipe des Gens de Montpellier voulait en savoir plus. Elle a donc appelé le service de presse de la ville de Montpellier - qui lui aussi n'était pas au courant. Toutefois, on a promis de se renseigner et de demander à "l'adjoint responsable" de rappeler la Revue online... Ce rappel n'a jamais eu lieu. La raison de l'obscurité dans les rues de Montpellier reste - obscure.

Toutefois, être piéton à Montpellier ne pose pas seulement problème la nuit. Pendant la journée, la vie "à pied" est souvent aussi dangereuse.

10 heures au coin du Boulevard Victor Hugo et la rue de la République. Des piétons arrivent de la gare, par la rue de la République. Ils veulent traverser le Boulevard Victor Hugo pour entrer dans la cour de la Babote. "Avant", dit une dame, "il y avait un feu ici." Ce feu existe toujours - mais, depuis que les travaux du tram ont commencé, il ne fonctionne plus.

Les piétons observent donc patiemment le trafic venant du côté de la place Alexandre Laissac. Après un moment, les voitures s'arrêtent. Les piétons veulent traverser la rue, mais déjà, d'autres voitures arrivent : c'est fois-ci, ce sont celles du côté Boulevard du Jeu de Paume. Quelques-uns traversent en courant, s'exposant au danger... heureusement, les conducteurs freinent. Un Monsieur lève la main, bravant le trafic.

parking à MontpellierUne dame avec une poussette est désespérée : "Si j'étais seule, ça poserait moins de problème. Mais avec lui", elle caresse son bébé du regard, "je ne peux pas courir le risque. Cette rue est devenue trop dangereuse. Mais qu'est-ce que je peux faire ? Il faut que je traverse." Une dame plus âgée se mêle de la conversation. "Si vous voulez traverser en sécurité, il faut que vous monter jusqu'à la Comédie, ou presque." Un Monsieur dans la quarantaine donne également son commentaire : "L'excuse des travaux sert pour tout. Je ne vois vraiment pas de raison de nous priver du feu rouge, ici. Ce carrefour est vraiment trop dangereux. Ou, si on ne peut pas activer le feu, à cause des travaux, on pourrait y placer un flic."

La dame avec la poussette éclate dans un rire amère. "Les flics ? Ils sont trop occupés à mettre des PV aux voitures qui sont mal garées. Aider les piétons n'est pas leur travail." - Finalement, le Monsieur se place au milieu de la rue et arrête les voitures pour permettre aux femmes de gagner en sécurité l'entrée de la Babote. Heureusement, l'entraide existe à Montpellier...

Mais les travaux... - les Montpelliérains sont-ils vraiment contents de recevoir la ligne 3 du tram ? "Oui," soupire une dame dans la trentaine, "je suis contente qu'on va disposer d'une troisième ligne. Mais d'ici là, la vie ne va pas être facile. En 'temps normal', on trouve à peine un parking en ville - et maintenant, ils ont supprimé plein de ces parkings qui, avant, n'étaient déjà pas suffisants. On est alors obligés de prendre le tram ou le bus. Mais les bus sont devenus une calamité. On dit que leur retard permanent serait dû aux travaux - je pense que le Tam se moque de nous. Il y a des bus qui viennent des parties de la ville qui ne sont pas concernées par les travaux - leur retard n'a donc forcément rien à voir avec la ligne 3... Le Tam nous raconte n'importe quoi."

Une autre dame d'à peu près le même âge se plaint des conditions des piétons dans les rues autour de la gare. "On ne passe plus", raconte-t-elle. "Le trottoir est plein de gens qui attendent les bus, et ils ne bougent pas pour laisser passer les autres. Il faut donc marcher dans la rue. Mais c'est très dangereux à cause des bus qui circulent partout, maintenant. Entre les travaux, les gens qui attendent les bus et les bus eux-mêmes - il y a tout simplement plus de place pour les piétons. Un vrai piège."

Montpellier, la ville avec la plus grande place piétonne de France, est-elle devenue un "piège" pour ceux qui vont à pied ? Un Monsieur dans la cinquantaine rigole. "Piéton à Montpellier ? Vous devriez pas être amoureux. Les trottoirs sont trop étroit pour y passer à deux."

"Peut-être pas un piège", répond un autre Monsieur d'à peu près le même âge, "mais être piéton à Montpellier n'est plus facile. Parfois, je pense qu'avec tous les soucis autour du nouveau tram, les responsables ont tout simplement oublié que nous, les piétons, on existe..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

1 commentaire:

  1. des rues dans le noir
    des paves sous la plage
    des cauchemards de reves
    nuit noir
    espoir sans fin
    la lumiere est en nous pour nous

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